Binance veut sa place en Europe. Entreprise internationale par nature, Binance cherche à s’implanter dans toutes les grandes zones économiques du monde pour populariser la crypto et assoir sa domination sur le secteur. Mais cela ne se fait pas sans heurts et la crypto bourse de Changpeng Zhao doit faire face à des difficultés éparses comme des procédures judiciaires, l’obtention de licences financières ou la mise en conformité avec des régulations qui évoluent de jour en jour. Son installation en Europe est à l’image de sa politique d’expansion : lente, compliquée, semée d’embuches et parfois opaque si on en croit certains observateurs. De Vilnius à Londres en passant par La Valette, retour sur l’aventure de Binance sur le Vieux Continent.
L’aventure lituanienne de la plateforme de Changpeng Zhao
Trouver un pays pour poser ses valises n’a pas été chose aisée pour le géant des cryptos qui a du s’exiler loin de la Chine pour des raisons règlementaires et politiques. Malte a semblé un temps une option intéressante avant de tomber à l’eau, tout comme la capitale du Royaume-Uni qui lui a refusé une licence financière indispensable pour exercer dans le pays. Alors à la recherche d’un pays accueillant pour héberger ses activités, c’est finalement en Lituanie que Binance s’installera. Clairement pas son premier choix, Vilnius offre cependant accès au marché européen et va permettre à CZ de créer une filiale locale : Bifinity.
Mais l’arrivée dans le pays ne va pas tarder à soulever quelques questions, car selon un porte-parole de la Banque de Lituanie qui s’est exprimé dans la presse économique, « la société n’est ni supervisée ni autorisée ». Réponse immédiate de Simons Matthews, porte-parole de Binance :
« La société n’est pas tenue d’être agréée par la Banque de Lituanie car Bifinity ne détient, ne gère ni ne collecte les fonds des clients ni n’émet de monnaie électronique. »
Bifinity servant principalement à encaisser les paiements en euros, la société dirigée par Helen Hai, une proche de CZ, n’a donc pas besoin de licence pour opérer. Mais laissons là les polémiques autour du statut de Binance en Lituanie pour voir comment ce petit pays sert en fait de base avancée pour la conquête d’un autre pays, beaucoup plus important cette fois : le Royaume-Uni. Et pour se distancer des premiers refus du régulateur britannique, la firme va utiliser un moyen très répandu dans la finance traditionnelle qui consiste à faire l’acquisition d’une société régulée.
C’est ainsi qu’Helen Hai, alors tout juste promue à la tête de Bifinity, va annoncer une prise de participation dans Eqonex, société cotée au Nasdaq, qui possède un dépositaire crypto sous licence appelé Digivault.
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Binance à la conquête du Royaume-Uni par tous les moyens
Mais ce coup de billard à trois bandes ne va pas se passer comme prévu, car Eqonex va rapidement faire faillite. Et en suivant, les investisseurs de la société vont soupçonner Binance d’avoir voulu utiliser Eqonex pour profiter de Digivault sans réel intérêt pour les activités antérieures de l’entreprise. L’affaire est en cours de procédure au Tribunal du district sud de Manhattan.
Cependant, cette tentative n’était pas la première puisque quelques années plus tôt, la même Helen Hai s’était associée à un entrepreneur sud-africain, Simon Dingle, pour créer Binance Digital Limited et obtenir une licence temporaire dans le pays. Finalement, tout ceci finira également devant le tribunal pour une histoire de « déclarations trompeuses » de Binance qui mettra fin à cette collaboration. Les deux parties se refusent actuellement à tout commentaire à propos de ce dossier. Actuellement, la plateforme de CZ cherche toujours à mettre pied dans le Royaume de Charles III, mais échoue irrémédiablement.
Mais les ennuis continuent pour la crypto bourse qui se retrouve sous le feu nourri des critiques et de la justice. La SEC l’accuse notamment d’avoir mélangé les fonds des clients, d’avoir versé de l’argent sur un compte personnel de CZ et même d’avoir acheté un jet privé. Quant à la présence en Lituanie, pays connu pour sa légèreté règlementaire, elle pose certaines questions. Anil Kashyap, conseiller auprès de la BCE et professeur d’université, pose une simple question : « s’il s’agit d’une entreprise honnête, pourquoi n’ont-ils pas pu suivre le processus d’enregistrement dans les autres pays ? ». Manifestement habitué à ce genre d’attaques frontales, le charismatique CEO de Binance a dorénavant pris l’habitude de laisser ses avocats gérer les crises. De son côté, il fait encore et toujours la même réponse : 4.
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Author: Andrea Long
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