Paris joue ni plus ni moins que sa crédibilité. Le Niger accueille une base française forte de 1500 de nos soldats. Après l'expulsion de l'armée française du Mali puis du Burkina Faso, il reste donc à Paris deux points d'appui. Le Tchad et ses 1000 à 1500 soldats et donc le Niger.
Mais la vraie différence, c'est le type de coopération qui s'était mis en place à Niamey. Il fallait faire oublier Barkhane et la marginalisation coupable des armées locales dix années durant. Le président Macron s'était donc personnellement impliqué pour que les militaires français se mettent au service du partenaire nigérien en épousant strictement ses besoins militaires. Le commandement de cette opération était nigérien. Un partenariat de combat qui, par ailleurs, reposait sur la confiance absolue et personnelle entre deux hommes qui se respectent et s'apprécient. Le président français, d'une part, et son homologue nigérien Mohamed Bazoum, aujourd'hui destitué.
Il y a donc un aspect personnel à cette affaire. L'ingénierie de la présence française au Niger et l'œuvre personnelle d'Emmanuel Macron. C'est si vrai que le premier jour du coup d'Etat, alors qu'il était en voyage officiel dans le Pacifique, le président français a ainsi pris la peine d'appeler une dizaine de fois Mohamed Bazoum, retenu par les putschistes.
La France devra-t-elle quitter le pays si le putsch réussit ?
Pour le moment, la junte militaire ne s'est pas clairement exprimée sur cette question. Mais on voit mal comment, à terme, les militaires français pourraient rester, alors que ces mêmes militaires putschistes n'ont cessé d'agiter, voire d'organiser la méfiance vis-à-vis de Paris. Ajoutons que sur ce point, la pression n'est pas que française. Les Américains qui possèdent sur place une base militaire à Agadez réclament aussi le retour de l'ordre constitutionnel. S'ajoute à cela le Nigeria, qui menace de faire intervenir son armée.
Mais c'est avant tout pour la France que ce retrait serait une catastrophe. Une véritable catastrophe. Pour le coup, on pourrait commencer à parler d'un effet domino. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, il ne resterait plus dans la bande sahélienne que les troupes cantonnées au Tchad. Or, le Tchad est aussi déstabilisé au nord par une rébellion qui jouait à saute frontière avec la Libye, à l'ouest par les incursions répétées de Boko Haram et à l'est par la guerre de factions qui sévit au Soudan. Le tout alors que le régime est à peine stabilisé.
Il reste d'autres implantations françaises en Afrique.
Il reste la base de Djibouti et ses 1500 soldats déployés, la perle stratégique de notre dispositif militaire dans la région. S'ajoutent à cela un petit millier de soldats français en Côte d'Ivoire et moins de 500 au Sénégal comme au Gabon. Sauf que le discours anti-français ne se réduit pas qu'au pays sahélien. Il y a eu des pillages de magasins français à Dakar en mars 2021 et en Côte d'Ivoire, la rancœur vis-à-vis de la France est tenace depuis qu'en 2011, Paris a destitué l'ex président Gbagbo.
Enfin, il y a cette question : quel avenir pour une armée française dont l'identité est depuis des décennies, depuis la coloniale, intimement liée à l'Afrique et qui effectuait l'essentiel de ses missions extérieures d'importance ? C'est presque un problème existentiel pour la grande muette.
Author: Maria Atkins
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